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Bivouaquer en famille ne se prend pas à la légère et nécessite un peu de préparation pour que l’aventure soit positive et puisse être renouvelée. Dans cet article, je vais vous expliquer comment j’ai organisé une micro-aventure à San Francisco, vous parler de matériel et partager avec vous son déroulement. Bien-entendu, j’ai suivi les 7 conseils pour organiser une microaventure. Vous les trouverez dans cet article.

 

Trouver le lieu

Comme vous devez le savoir, ma femme, mes enfants et moi-même habitons Sacramento. Nous nous rendons régulièrement à San Francisco, à 2h de route, pour y trouver de la fraîcheur, des forêts de redwoods et l’océan. A force de contempler la baie de San Francisco, je me suis demandé s’il était possible de camper sur une île et pourquoi pas s’y rendre en kayak.

Pour répondre à cette question de lieu, je me tourne systématique en premier vers une carte, qu’elle soit en papier ou digitale. Les cartes sont des outils scientifiques et sont très objectives, sans sentiment. Pour autant, je trouve que les cartes font travailler l’imaginaire. En prenant l’habitude de lire des cartes, vous pouvez recréer un paysage mental de la région. Vous reconnaissez les parcs, les zones naturelles ou urbanisées. Je repère des îles et je me vois camper sur une crête surplombant la baie, contempler le soleil couchant caressant de ses chaudes lumières le downtown de San Francisco. Une dizaine d’îles se trouvent dans la baie. Certaines sont très urbanisées, d’autres interdites d’accès pour protéger la faune et la flore. Il ne reste qu’une seule île possible et c’est un également un State Park. Cette île porte le nom d’Angel Island. 

Je vais sur le site internet du parc et je confirme qu’il est possible d’y camper.

Bloquer la date de la microaventure

Bloquer la date a été une aventure en soi. Les campements sont très convoités et partent en quelques minutes. Obtenir une place nécessite beaucoup de dévouement. Les places ouvrent six mois en avance, tous les jours à 8h du matin. J’ai dû m’y rependre 3 week-ends d’affilée car ma méthode n’était pas au point. Au final, je me suis connecté à 7h55 un dimanche en réactualisant la page en permanence pour être sûr d’être dans les premiers à 8h. A 8h01, j’avais réservé le camp #5 sur Ridge Line, le seul qui offre une vue sur le centre-ville de San Francisco et le Golden Gate. Youhou! Nous sommes en Février et j’ai réservé un campement pour le mois d’Août…

Repérage

Angel Island se trouve à moins de 2 km des côtes les plus proches. Il est donc tout à fait envisageable d’y aller en kayak. Toutefois, je sais que les courants peuvent y être forts. Avant d’envisager une traversée en solo ou avec un de mes enfants, il est essentiel de faire un repérage. 

C’est ce que nous faisons un mois avant le WE camping. Nous prenons le ferry en famille et, alors que ma femme et les enfants profitent de la plage, je pars repérer le spot de bivouac et les accès à la plage.

Tandis que je marche sur la route du littoral, j’observe la baie. Le courant entre l’île et la côte est impressionnant. Il est tel que par endroit, il y a des rapides. Certains bateaux à voile ont même des difficultés à naviguer. Il est clair que, vue mon expérience en kayak ou en stand-up, une traversée en solo serait périlleuse. Avec un enfant, ce serait carrément inconscient de ma part. Je choisis donc la sagesse avec le ferry.

Je poursuis le long de la route du littoral et j’arrive 1h plus tard au campement. Le campement est situé le long d’une crête avec une vue sur la baie, San Francisco et le Golden Gate. C’est exceptionnel. Il y a des emplacements pour plusieurs tentes, une table de pique-nique, un barbecue, des toilettes-sèches et un point d’eau à 10 minutes de marche. Bref, c’est validé! Petit bémol, il est interdit de faire des feux de camp.

Inviter sa tribu

La réservation du campement étant valide pour 8 personnes et compte tenu du lieu privilégié, je me dois de partager les places restantes. De mon côté, ma femme, nos 2 enfants et moi-même seront de la partie. Mon frère et sa femme, fraîchement installés à Seattle, vont nous faire le plaisir de nous rejoindre. Et, pour finir, un couple d’amis Français va compléter le tableau pour passer un bon moment.

Le choix de l’équipement

Pour gagner du temps et pour ne rien oublier, j’utilise ma check-list pour camper. Je vous conseille d’en faire autant. Vous pouvez la télécharger ci-dessous:

 

Toutefois, cette microaventure a quelques spécificités: Il faut tout porter car nous n’avons pas de voiture. Il faut donc se limiter en matériel.

Pour faire face à ces contraintes, je laisse la très grande tente familiale et choisis 2 petites tentes 2 personnes. Le matelas Queen size de 15cm va rester au placard tout comme les coussins et nous prendrons les matelas fins en mousse ou auto-gonflant. Petite astuce confort, nous prenons les têtes d’oreiller que nous remplirons avec nos polaires. Le réchaud double et la glacière sont troqués contre un réchaud de bivouac et de la nourriture lyophilisée achetée à REI. Autre astuce, pour nous aider à réduire les charges portées, nous aurons une petite remorque car un accès par une route goudronnée est possible. Au niveau des vêtements, même si c’est le coeur de l’été, nous prenons des couches supplémentaires car il fait fréquemment 15 à 20 degrés de moins qu’à Sacramento sans parler du vent marin qui peut être frais.

Les enfants ont le droit de prendre des jeux dans leurs petits sac à dos. Le feu de camp est une activité qui peut les occuper pendant des heures. Comme cela ne sera pas possible, nous les laissons prendre des jeux supplémentaires. Je décide de prendre le hamac. Même si c’est une charge supplémentaire, c’est aussi un jeu qui permet aux enfants de s’occuper pendant des heures. Il est toujours bon d’en prendre un.

 

Déroulement de la microaventure

Au niveau du matériel, nous n’avons rien oublié mis à part la batterie de mon appareil photo qui était vide! Nous avons manqué de rien et rien n’était en trop. Autre point positif, nous n’avons pas eu froid. S’il avait fallu tout porter sans utiliser la remorque, nous aurions eu quelques soucis. Surtout que notre fils a fait une bonne sieste pendant tout le trajet aller. Ce coquin!

Nous montons toujours les tentes en arrivant, comme ça la corvée est faite. Malgré des emplacements face à la baie, tout le monde préfère se mettre à l’abris du vent. Nous passons la fin d’après-midi à la plage en contre-bas. Nous observons de nombreux animaux: un lion de mer dévorer un requin (Truc de dingue!), un phoque qui se la coule douce, des vols de pélicans et un cerf qui nous rend visite sur la plage. Nous pêchons et attrapons même un poisson de roche au plus grand plaisir des enfants. 

Nous passons une bonne soirée à regarder les lumières s’allumer sur San Francisco. Les enfants, qui portent leur lampe frontale avec fierté, adorent prendre l’apéro avec les adultes.  C’est à chaque fois un bon moment de partage. Faute de feu, les enfants jouent au lego puis font une marche nocturne pour aller chercher de l’eau. On observe les ratons-laveurs qui viennent nous rendre visite. Il se fait tard et notre plus petite s’endort paisiblement dans les bras de sa maman qui n’aura plus qu’à la déposer dans leur tente. Mon fils me demande d’aller se coucher et il faut savoir profiter de ces moments rares (Normalement, c’est dans l’autre sens!). Nous nous couchons et nous endormons ensemble.

Vers 5h du matin, San Francisco s’éveille. Alors que le soleil n’est pas encore levé, on entend le bourdonnement de la ville devenir de plus en plus fort. C’est assez incroyable le bruit que cela peut générer alors que nous sommes à une dizaine de km. Vers 7h, on sort tranquillement de la tente avec mon fils. Nous sommes les premiers levés. Il n’y a pas un nuage sur la baie. Les rayons du soleil rasants viennent frapper le Golden Gate, c’est magnifique. Nous profitons tous les deux de la vue quelques minutes avant que l’estomac de mon fils ne prenne le contrôle de ses pensées. Puis, c’est au tour de notre fille de se lever et la fête commence. Les enfants vont réveiller leur tonton et sa femme à travers la toile de leur tente. Ils font croire que ce sont des ratons laveurs… Bref, il est temps de se lever pour tout le monde. Nous prenons notre temps pendant le petit déjeuner, on sort les jumelles pour observer les oiseaux, la ville et les bateaux de pêche. Vers 10h, nous levons le camp et tentons d’attraper le premier ferry pour Tiburon. C’est chose faite!

Bivouaquer sur Angel Island a été une expérience très positive. Cela nous a conforté dans notre organisation et dans notre capacité à partir camper sans la voiture. Certes, notre équipement n’est pas tout à fait adapté pour être itinérant mais nous avons réussi à contourner les difficultés rencontrées. Si nous souhaitons être plus mobiles dans le futur, nous devrons investir dans du matériel plus compact surtout pour deux des quatre duvets.

Mais ce bivouac, c’était surtout un bon moment en famille et avec des copains. Désormais, nous partageons ce souvenir dans un lieu atypique, cette petite île au milieu de la baie de San Francisco, face au downtown et au Golden Gate. L’aventure se trouve parfois aux portes de la ville. Courte en durée et riche en émotion, c’était belle et bien une microaventure.

Lundi matin, avant d’aller à l’école, les enfants me demandent quand est-ce que l’on retourne camper. Mission accomplie!

Et vous, vous avez déjà bivouaqué avec vos enfants?